"Where is South?”
Conductor:Simon Njami
“«Réagis-tu comme un sujet écrit ou bien es-tu un metteur en scène?»
Pour beaucoup de gens le Sud représente un mouvement à travers une entrée, une espèce de portail qui nous introduit dans la vie mais aussi une fenêtre ouverte sur les tumultueuses émotions du passé. Il est métallique, feu, mouillé, invisible, musical, charnière, tactile et orange. Tout ça en même temps”
Inaki Iriarte, Cristiana Stefanescu, Nuura Axmed, Elisa Cazzaniga, Zeinab Saleh – redacteurs de AtWork Londres
AtWork Londres Chapitre 18 a été réalisé par Moleskine Foundation en partenariat avec Young People’s Programmes, Tate Modern. Le workshop s’est enrichi des collaborations de plusieurs professionnels, parmi lesquels Adepero Oduye, actrice d’origine nigériane basée à New York, réalisatrice et écrivaine qui a assisté Simon Njami dans la conduction de cette étape. L’artiste Leo Asemota a présenté aux participants ses méthodes de travail créatif lors d’un moment d’inspiration pendant le workshop. Anna Mainenti, photographe, a documenté ce chapitre en entier à travers son projet Made-Hand et puis Teresa Soldini, psychologue et participante à AtWork Venise, en tant qu’observatrice.
Celle-ci a été la cinquième étape du Tour AtWork 2019 “Where is South?”.
Comme Simon Njami affirme : “Le mot ‘Sud’ semble désigner un point précis, mais réflection faite, nous réalisons que cela est totalement imprécis. Essayons d’affranchir les quatre points cardinaux et de les reconsidérer pour ce qu’ils sont : des directions. Si nous y arrivons nous découvrirons que le Sud et le Nord n’existent pas; ou plutôt, leur signification est activée à travers notre manière de penser. Peu importe où l’on se trouve, il y a toujours un ‘Sud.’ Par conséquent, nous détenons le pouvoir de définir son sens: ‘Le Sud commence avec nous.”
Conduit par notre conseiller Simon Njami, le workshop s’est déroulé à Londres du 25 au 29 novembre 2019. Sous sa direction, 11 participants de tous bords confondus, compositeurs, géographes, avocats, designers de bijoux, éducateurs, étudiants, artistes se sont rencontrés pour discuter et se confronter de manière critique sur le sens du mot “Sud”. Le résultat créatif de cette réflexion a été par la suite élaboré par chaque participant sur son propre carnet . L’une d’elle, qui avait participé à Atwork Venise, a recouvert le rôle d’observatrice, pour ce qui concerne l’évaluation et la supervision.
Les projets inspirés par leur idée personnelle de “Sud” seront exposés lors d’une exposition internationale en fin de tournée “Where is South?”, qui aura lieu en 2020.
LE LEADER: Simon Njami
Simon Njami est commissaire indépendant, professeur, critique d’art et écrivain. Il est le co-fondateur et éditeur-en-chef de La Revue Noire. Il a été le directeur artistique de la Biennale de la photographie africaine de Bamako pendant dix ans, et commissaire du premier pavillon africain à la 52ème Biennale de Venise en 2007. Njami a réalisé de nombreuses expositions d’art africain et de photographie, y compris Africa Remix (2004-2007) et la première foire d’art africain qui a eu lieu à Johannesburg en 2008. Sa nouvelle exposition, La Divine Comédie, a commencé un tour mondial en 2014 depuis le MMK, Musée d’Art Moderne de Francfort, pour continuer au SCAD Museum of Art (Savannah, USA) encore en 2014 et au Smithsonian Museum of African Art (Washington DC, USA) en 2015. Njami est directeur des masterclasses panafricains de photographie, projet qu’il a conçu avec le Goethe Institute, et il est aussi directeur artistique de la Fondation Donwahi en Côte d’Ivoire et le conseiller pour la collection Sindika Dokolo, et enfin, il est le secrétaire du jury spécial du prix World Press Photo. Directeur artistique de la première Off Biennale au Caire,en 2015 et pour les éditions 2016 et 2018 de Dak’Art.
“Mon Sud est un feu qui brûle à mes pieds. Il fait jaillir le sang et bouillir les os. Il est indomptable et il brûle fort. C’est moi. C’est nous. Depuis la naissance jusqu’aux cendres. Mais nous l’embrassons avant même de le comprendre, car que les scintillements rejoignent notre tête.”
Ava Chowdhury-Turner
Le workshop s’est déroulé auprès des Tanks Studios du Tate Modern, où les participants ont discuté de leur idée de “Sud”. Le thème du workshop a été le point de départ d’un parcours de profonde analyse et de débat critique. En partant de l’interrogatif “Où est le Sud?” et guidés par Simon Njami, les participants ont commencé à se demander ce que pouvait bien représenter cette question :
“Pour beaucoup de gens le Sud représente un mouvement à travers une entrée, une espèce de portail qui nous introduit dans la vie mais aussi une fenêtre ouverte sur les tumultueuses émotions du passé. Il est métallique, feu, mouillé, invisible, musical, charnière, tactile et orange. Tout ça en même temps. Comme tu pourras remarquer, le Sud n’est pas un endroit, il est suspendu dans les airs, ligoté avec des chaines, caché avec du tissu ou bien ressortissant de pages où on l’avait soumis. Le Sud n’a pas d’incarnation fixe, c’est un acte en noir et blanc, de protection et d’opposition. Une réminiscence vive et orangée du passé et un désir ardent, ou encore une intersection non structurée de parcours différents réalisés en techniques mixtes. Dans le fond, ces objets sont reliés. Chaque morceau est construit de l’intérieur vers l’extérieur. Ils représentent l’éparpillement de nos peaux et l’exposition de nos noyaux.
On a bougé comme un collectif vers un objectif indéfini. Quand nous avons commencé nous n’avions pas de direction claire, mais on s’est uni de manière inattendue et furtive. Ce parcours où l’on te conduit est une invitation à t’unir à nous en ce voyage vers l’inconnu. Nous avons trouvé notre Sud mais il reste encore de nombreux Sud à trouver.”
Parallélement au workshop, Moleskine Foundation a participé le 28 novembre à « Creativity can save the world” auprès de Glug, l’évènement dédié à plus de 550 créatifs qui a eu lieu à Shoreditch (Londres). Les participants ont été invités à s’engager à un défi de créativité, un prolongement de AtWork Londres. Deux œuvres gagnantes seront sélectionnées pour être inclues dans l’exposition finale de “Where is South?”, couronnement du voyage international de AtWork qui réunira les carnets de tous les workshops en un seul moment expositif qui se tiendra en 2020.
“11 personnes au hasard se sont réunies à Londres en pensant répondre à la question “Où est le Sud?”. Elles ne savaient pas qu’on les aurait poussées à s’affronter soi-même et à être brutalement honnêtes avec les unes avec les autres.”
De la rédaction de AtWork London
L’exposition AtWork Londres “Where is South” est co-curatée par les participants mêmes sous la supervision de Simon Njami.
À l’appui de l’exposition un catalogue de cette étape dédié aux carnets réalisés par les participants et de l’idée de Sud qui les a inspirés a été publié.