Le logbook (livre de bord) est le registre dans lequel le capitaine ou les officiers d’un navire, consignent chronologiquement les différents événements durant une navigation. Celui-ci énumère mois après mois le nombre estimé de migrants disparus en Méditerranée depuis 2014 (chiffres OIM).
La déshumanisation et l’infériorisation de l’autre trouve son paroxysme dans le drame quotidien se déroulant à l’heure actuelle en Méditerranée. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants volontairement abandonnés à leur sort et dont les corps sont recrachés par la mer sur les plages de Tunisie et d’ailleurs pour mieux “déranger” les vacances estivales des uns.
La politique migratoire appliquée par l’Europe aujourd’hui interdit par des voies détournées toute assistance aux embarcations en perdition dans la Méditerranée. Ainsi, le potentiel sauveur se voit réduit à l’état d’observateur ne pouvant que constater et quantifier le drame humain qui se déroule sous ses yeux.
Le poing fermé, symbole en d’autres circonstances d’unité et de solidarité, émerge d’un océan de chiffres anonymes et s’agrippe désespérément à ce qu’il reste de “ligne de vie”.: un reste d’humanité incarné par ces capitaines, héros des temps modernes, prêts à défier les autorités pour sauver des vies humaines.
Le livre est recouvert d’un morceau de gilet de sauvetage ayant appartenu au navire “Grande Nigeria” dont le port d’attache est Palerme. Ces gilets usagés que l’on trouve sur le marché sénégalais sont ceux-là mêmes qu’achètent les candidats au long voyage avant de s’embarquer.
Fabrice vit et travaille à Dakar.