Dans la société actuelle, où s’affrontent des visions du monde antagonistes et où montent l’individualisme et le narcissisme, je m’interroge sur la thématique « qui est mon peuple ? ». Ma réflexion m’amène à une analyse sur mon existence en tant que part d’un environnement et d’un tout (humain, animal, végétal). Je me défini avant de définir autrui puis cherche à retrouver ma place et ma relation avec mon peuple en terme d’harmonie et d’équilibre.
Mon quotidien est fait de rythmes, de temps d’arrêt et d’agitation, pendant lesquels j’explore les pensées des autres sur le rapport à l’environnement et à la société et retrouve l’essentiel fait de partage, de sensibilité et d’empathie.
Ma réalisation intitulée « Mains et lèvres de ma terre » s’appuie sur l’œuvre de Courbet intitulée « La naissance comme l’origine du monde ». L’œuvre de Courbet m’incite à relire l’origine du monde comme la naissance, et à y retranscrire la maternité, puis le verbe. Ce processus identique, duquel nous venons tous – de la maternité au verbe – doit être constamment réinventé.
Le rapport avec mon peuple, se fait au court de ce processus multiple et en série où chacun de nous prend sa voie, défini son identité. Dans ce foisonnement d’éclosion, nous pouvons faire peuple dans les signaux que nous nous envoyons où se situe la possibilité d’un rapport, d’une harmonie, d’une flamme et d’une chaleur.
Grâce à cette nouvelle unité faite d’acceptation, nous faisons un détour face aux vices qui existent au détriment de l’humanisme.
Stéphane Eloundou expose depuis plusieurs années au Cameroun – Galerie Keuko, Last Picture Show, Barbecue Expo – et à l’international – Palais de l’Unesco (France), Festival Mur Mur (Burkina Faso), Festicoll (Sénégal), etc. Il s’intéresse également à la médiation culturelle et organise des évènements culturels à des fins d’ouverture aux publics urbains à Douala (Cameroun) notamment : trois éditions du Marché des art plastiques de Bali (2010 – 2012 – 2013), le festival itinérant Wakavane (2014), les fêtes de la musique (Zik’mu, la Musique en mutation 2012 _ 2013) et deux éditions de Maloko pour la fête de la jeunesse (2016- 2017).
Ces travaux ont nourri et été nourri par la recherche. Passionné par la réécriture de l’histoire de l’art sur le continent africain et ses nouveaux courants tels que l’afropolitanisme, Stéphane travaille depuis 2011 en collaboration avec une chercheuse de l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne sur la question du patrimoine en ville. Son travail consiste en partie à retracer le patrimoine existant par le film et la constitution d’archives. En 2012, il coréalise le documentaire Racines au bord du fleuve sur ces travaux qui a été sélectionné et diffusé au Bénin (Festival Bénindocs, 2013), en France (Association Afrique dessinée, Arcueil, 2014) et au Burkina Faso (Festival les Récréâtrales, 2014).
Ses œuvres picturales sont contemporaines et intègrent toute cette réflexion sur l’art dans les sociétés africaines et son combat en tant que jeune artiste et activiste.